samedi 6 février 2016

Série B

"Docteur Rimbaud" - 2016 solo Manu en face B


Docteur Rimbaud est au centre des névroses
Dans la cité numérique, ses milliards de métamorphoses
Il consulte, met les doigts sur les points névralgiques
Et rêve à une logique quand on lui dit qu'il n'y en a pas

Pourtant, il sent toujours venir les choses et
Sait débloquer les pensées même les plus ankylosées
Nul hasard dans la cité où tout se calcule
Il s'isole ou marche des heures quand il a besoin de prendre du recul

Le col en vrac, Arthur n'est pas psychiatre
Ni poète, juste un peu, solitaire et acariâtre
Un docteur des humeurs des zonards
qui ne consulte que la nuit tard, entre deux Johnnie Walker

Dans un éclairage tamisé, la baie vitrée
Donne sur le demi-sommeil d'une ville qui ne dort jamais
Les gens vont leur chemin, chantres du non-changement
Si les réacs n'étaient pas là, où en serions-nous maintenant?

Plus loin sûrement, finalement rien n'est moderne
Malgré ce qu'on prétend, nous sommes à peine sortis de la caverne
Le vide, le vent, gouverne, n'amène aucune réponse
Et on alterne entre les caresses des roses et des ronces

Les railleries vont bon train envers tout ce qui sort
De l'ordinaire et tend à pulvériser le décor
A réduire en poussière en quelques actions seulement
Le fonctionnement de la machine parfaite qu'on nous vend

C'est ce que nous voulons, rester aveugle, un mensonge confortable
Des heures entières, un docteur blasé remet le sujet sur la table
Instable, comme tous, aucun de ses patients n'est sain
Celui qui l'est ne peut plus être sauvé, c'est certain

Le ciment n'est pas le problème, le désert ne l'est pas non plus
Et contrairement à ce qu'on disait, il en est revenu
En désordre, anonyme, juste pour duper une nouvelle fois
Les écoles de l'art, de la science et de la foi

Figure-toi, qu'on en a fait tant de contes de fées
Il était juste en train de fumer, enfoncé dans son canapé
Flingué, fiévreux, à refaire le monde et sa vie
Mort de fatigue, à trente ans et quelques nuits

Aujourd'hui, cent ans plus tard, l'orgie est quotidienne
Les rupins se pavanent et paradent de la Vence à la Vienne
La Commune, écrasée, ne revit que les jours d'émeutes
Alors journalistes et écrivains nous tombent dessus en meute

Appellent à ce qu'on nous mate, comme à l'époque
Hier, j'ai vu une haie d'honneur accueillir les kolboks
La BAC et leurs potes sont devenus des héros
J'ai pris un cent-quatorzième rendez-vous chez le docteur Rimbaud

Alors dans le chant des sirènes, sans ménagement
Il répand tout ce qu'il sait et des fois je le comprends
Moi aussi, fut un temps, j'ai longé la Mer du Nord
Et traversé des déserts entre le crépuscule et l'aurore

A maudire le monde entier, en solitaire
les doigts gelés ou le visage buriné par l'astre solaire
C'était y a des paires d'années, loin de la ville
Vivre aujourd'hui m'est devenu plus facile

The Time is Stretching