jeudi 13 février 2014

Entrée

Guérilleros infiltrés dans les lézardes du système
Qui pullulent et nous appellent à élargir le projet
A fissurer le bloc, gratter le granite
L’espérance suinte des fuites, les fondations sont en toc
Briser la colonne sans considération
Pour les architectes constructeurs de cette aberration
Les prisonniers ont les pinces pour les cages grillagées
Tous les êtres libres dans cette ville sont des évadés
Bienvenue, c’est la fin de la fête
Le début d’un nouveau siècle malsain et malhonnête
Entamé il me semble un 11 Septembre 2001
Je me suis levé un matin nous étions tous américains
Et les fantassins défilent, prophètes et présidents
Nous saluent des cadillacs, sourient passionnément
Le visage de la foule tient cette émotion standard
Un regard sans douleur mais aussi sans espoir
Rien n’est droit, rien n’est vrai, rien ne devrait exister
Les cendres grises sont étalées sur les semaines du calendrier
Je regarde par la fenêtre, c’est plus beau qu’ils le disent
Que le laissent penser les marionnettes qui s’agitent en vain et attisent
La colère à l’intérieur de mon écran télé
Encastré dans mon mur, qui observe qui en vérité?
Je suis sûr qu’il le savait, l’homicide était conçu
Et les miséreux consommeront jusqu’à ce que le contrat soit conclu
Personne ne vous entend crier dans un espace de non-droit
Toujours entourés d’hommes de lois comme dans un état occupé
Je les ai vus parader, serrer des mains, voler des voix
Et voter des lois pour les autres sans jamais se les appliquer
Au pire, ils m’ont dit, se taire ne serait qu’un non-dit
Les oublieux auront leur place au paradis des bienheureux
Travaille, consomme et prie, ton chemin de croix sera plus court
Au milieu des chiffres qui m’agressent et de la violence qui m’entoure
Des retours au désert où poussent des fast-foods
Des mirages de malbouffe, les rêves du monde obèse
Acquis au Superbowl, entre Jésus et Coca
Qui t’a dit que seules les montagnes ne se rencontraient pas
Autour d’un contrat, de Jérusalem à New York
Attends de connaître l’évangile selon Rupert Murdoch
Les fondations sont en toc, le tank sait par où partir
Vers l’ouest fait route la trajectoire de l’empire

Mise en cause

Je me mets en cause pour trafics divers
Détournement de problèmes et trafic de vers
Abus de stylos, crime de lèse-majesté
Non-respect de la tenue correcte exigée
Je me mets en cause, me lance une accusation
Affectation et engagement dans diverses associations
Exécution et partage de prestations scéniques
Incendie volontaire en semant chaos sonique
Incitation à l'émeute, meurtre sur mesures
Vandalisme gratuit et coups de marqueurs sur les murs
Coups et blessures involontaires sur ma personne
Ayant entraîné ma rage et ma colère au microphone
Je me mets en cause, fainéantise en temps de crise
Crachats sur les banques, l’État et les entreprises
Outrage à magistrat, à agent, à fonctionnaire
De l’État et de ses institutions réactionnaires

L'accusé plaide coupable à tous les chefs d'accusation
Il revendique ses actes et possède toute sa raison
Ni excuse, ni pardon, il maintient tous ses propos
Et promet de continuer même seul au fond d'un cachot (X2)

Ton avis ne tient à rien, quelques actions en bourse
Sitôt je gagne du fric dans la seconde m'en débarrasse
Ni strass, ni paillettes, ni révoltés de majors
De ceux qui te donnent du rebelle tant que le boss en demande encore
La DM n'en démord pas et s'écarte encore et toujours
D'un succès après lequel tout un tas de connards courent
Fils de rien pour toujours, enragé depuis le bac à sable
Coq de combat dans la basse-cour que presque toute la cour accable
A qui profite la révo(lution), qui se cache derrière?
Un groupe religieux ou un parti réactionnaire?
Je me mets en cause dans presque tous les sabotages
Et je serai dans ceux qui cassent si demain c'est l'abordage
Je n'oublie pas les images, j'en veux au monde entier
Ni pacifiste, ni adepte de la pitié
Ni rappeur gangsta, ni chanteuse à l'eau de rose
Dans l'effondrement des maisons de disques je veux être mis en cause...

L'accusé plaide coupable à tous les chefs d'accusation
Il revendique ses actes et possède toute sa raison
Ni excuse, ni pardon, il maintient tous ses propos
Et promet de continuer même seul au fond d'un cachot (X3)

Une saison en enfer

C’est la fin du voyage, encore un nouveau départ
Toutes ses semaines d’errance pour n’arriver nulle part
Sauf erreur de ma part, retour à l’envoyeur
Gonfle tes poumons d’air, gardes-en pour tout à l’heure
Aussi loin que je me souvienne ce ne fut jamais un festin...
Ce ne fut jamais un festin…
Non je n’ai pas la parano des gourous et des lézards
Et avant la fin j’explore au laboratoire des arts
Avant que ma tête explose, que la colère ne l’emporte
Je t’en supplie chérie ce soir ouvre-moi ta porte
Aussi loin que je me souvienne ce ne fut jamais un festin…
Ce ne fut jamais un festin…
Vingt-sept années, cent saisons et quelques en enfer
Je cherchais l’amour, je n’ai trouvé que la guerre
Aussi loin que je me souvienne ce ne fut jamais un festin
Du pain rassis à table, de l’eau tiède et du mauvais vin

Je n’ai survécu à rien, je suis mort à chaque fois
C’est un fait "je" est un autre ou alors "je" n’est pas (X2)

Je me perds dans les odeurs, dans les rencontres et dans les corps
Dans les décors, dans les dédales, dans les jours, dans les heures
Dans les déserts où fondent toutes les valeurs
Volontairement je m’y perds jusqu’au jour où j’en ressors
Les réserves sont brûlées, les habitants sont bannis…
Les habitants sont bannis…
Tous les sols sont stériles, la science n’y peut rien
La civilisation n’est qu’une erreur sur le chemin
Des nomades du monde, esclaves de la modernité
Des aires d’autoroute dans un Sahara dévasté
Les réserves sont brûlées, les habitants sont bannis…
Les habitants sont bannis…
Déracinez les errants, sédentarisez-les
Que plus personne ne court qu’après le temps et la monnaie
Les réserves sont brûlées, les habitants sont bannis
De la place pour personne dans vos putains de paradis

Je n’ai survécu à rien, je suis mort à chaque fois
C’est un fait "je" est un autre ou alors "je" n’est pas (X2)

Mal être social ou mauvais sang, monstre à la naissance
Ou pourri en grandissant par le rejet et l’absence
L’effacement, regarde bien l’introverti
C’est une bombe à retardement maintenant vous êtes averti
Rien ne sera réparé, le temps fera son effet…
Le temps fera son effet…
Dans tous les mauvais plans, dis-moi où se situer
Quelle est la gueule de l’emploi, la tenue correcte exigée
J’ai vu de surcroît ton sourire de circonstance
Tu ne peux pas te tromper toi, si tu peux tromper les instances
Rien ne sera réparé, le temps fera son effet…
Le temps fera son effet…
Encore un remède vendu par un charlatan
Sur le grand marché mondial tout est source d’empoisonnement
Rien ne sera réparé, le temps fera son effet
Et qu’ils avalent le poison jusqu’à la dernière gorgée

Je n’ai survécu à rien, je suis mort à chaque fois
C’est un fait "je" est un autre ou alors "je" n’est pas (X2)

Nous sommes trahis

Dans le chaos des canettes de bières, des crises financières
Des krachs boursiers mon frère, dans la mystique, le monétaire
Dans les meurtres, les chagrins d'amour, la mort
Les mots sur la mesure, les murs entre les frontières
Dans les odeurs de rance, les logements insalubres
Dans la bouteille de verre pleine d'essence et le torchon qui brûle
Dans l'heure H, le jour J, toujours remis à demain
Dans les armées levées pour la princesse ou la putain
Aux premières heures du jour à vivre dans la métropole immense
Entre Interpol et RG, fichage et flicage à outrance
En France, à l'Assemblée nationale
A l’Élysée, au Sénat, sous la semelle de mes sandales
Pour trois francs six sous, que dalle, juste pour la forme
Un impôt, un travail, une patrie, un uniforme
Dans la firme à scandale au patron multimillionnaire
Jusque mes insignifiantes insomnies dans le chaos des canettes de bières

Nous sommes trahis
Le couteau dans la manche dans la plaie dans la nuit
D'une énième défaite, d'un énième déni
Nous sommes trahis, nous sommes trahis (X2)

Dans le nucléaire, Tepco, Haribo, Coca-Cola
CNN ou TF1, dans Jésus ou Allah
Chaos total pour religion et croisade
Le cul coincé, les mains levées entre G.I. et Mossad
Miss Univers et la petite caissière du coin
Chaos dans les crânes, solitude de loin en loin
Les allées et venues, dans les allées, les avenues
Même perdu dans ma ville et exténué par le brouhaha
Tu regardes quoi? Rien qu’une ineptie de plus
Du chaos dans l’inertie, dans le rien de moins mais rien de plus
Et rien dans les mains moites et le stress
Dans l’amour et la haine, dans les beuveries et le sexe
Tu constates, tu passes ton chemin, tu fais comme tout le monde
T’auras ton lot de haut et de bas, de bonnes et de mauvaises ondes
T’auras quelques vécus, deux ou trois histoires
Que tu dégueuleras sûrement le soir sur le chaos d’un comptoir
Mec, dans les bouteilles, les joints
Les discussions qui "discussionnent" et au final ne mènent à rien
Dans le vide de l’univers, dans la poésie
Même chez mère nature, les bêtes et dans l’homéostasie
Dans le nu, le tout, derrière le dernier atout
Qu’on te tire les cartes ou dans les lignes de ta main
Dans ce dont sera fait demain, dans le énième mensonge
Dans ta dernière pensée d’homme libre juste avant que tu plonges
Dans la justice, dans l’adolescence
L’amour qui dure toujours et qui sclérose à ne plus avancer
Dans la douleur, la rupture
L’amour malade, la trahison, trop de guerres livrées sans armure
Dans la parole d’un parolier qui ne sait pas parler
Mû par les échanges mais qui pourtant demeure muet
Une vraie baston de parking
Dans la vie comme au jeu, dans l’amour comme sur le ring

Nous sommes trahis
Le couteau dans la manche dans la plaie dans la nuit
D'une énième défaite, d'un énième déni
Nous sommes trahis, nous sommes trahis (X4)

La sainte carte de crédit

Mille exils et des silhouettes bancales
Des charlatans aux étals qui vendent des élixirs
Sur la place du marché, sous la cathédrale
Entre les adjoints au maire et les sœurs du martyr
Et toi quelle est ta came, cosmétique ou hostie
T’es-tu dopé au succès ou à la paralysie
Chargé d’antidépresseurs ou "amphétaminé"
Tu te balades dans ton inconscient comme sur un terrain miné
Mille raisons d’enrager, une seule d’être calme
Au milieu des hommes-sandwichs et des affiches de réclames
Publicités mensongères, spots pub pourris
Qui singent la ménagère ou le"djeuns"d’aujourd’hui
J’entends les condamnations sur la place publique
Il paraît qu’il y en a que ça rassure la présence d’une patrouille de flics
On a viré la potence mais faut pas croire
T’as intérêt à marcher droit ou alors à ne pas trop te faire voir
Les enchères sont peu élevées, ils parlent d’agression
Et il n’y a même plus besoin de récompense pour entraîner la délation
Et rentrer dans les délais, demain ils seront seuls et heureux
Avec la consommation érigée en règle du jeu

Érigés en religion, les lieux de cultes commerciaux comme autant de paradis
J’ai la foi, j’ai les fonds, puisse dieu me délivrer la sainte carte de crédit (X2)

Au commencement était le dollar et la planche à billets
Il a engendré le pouvoir et a prit ce qu’il y avait à piller
Il a dit aux pauvres de prier et d’aller dans les champs
Et pour faire asseoir son mythe il s’est construit des monuments
A Wall Street, à New York, à Paris
Pariant sur le fait qu’il aurait les cons avec lui
Les marques déposées se sont unies comme un seul homme
Et ont écrit les commandements de l’individu qui consomme
Douze mecs en haut d’une tour en verre, un globe au milieu
Des courbes, des statistiques, des montées en flèches et des creux
Capitaux et cotations, bénéfices dégagés
Estimations, ponctions, études de marché
Les voilà, ils peuvent construire ou détruire
C’est eux qui installent les monarques, c’est eux qui les font partir
Des fois ils se font la guerre pour un baril, pour un dollar
Alors les vendeurs d’armes et les soldats deviennent stars
En direct et entre deux spots navrants
De pub pour une lessive qui lave le sang
Séquestrez-vous à double tour, restez dans vos maisons
Et récitez vos grâces à la consommation

Érigés en religion, les lieux de cultes commerciaux comme autant de paradis
J’ai la foi, j’ai les fonds, puisse dieu me délivrer la sainte carte de crédit (X4)

Au défilé

Parade, et la fanfare s’époumone
Les grands hommes défilent dans les Mercedes et klaxonnent
Saluent la foule immense, la masse et son visage
Figé par une émotion d’usage
Et rivés sur l’écran des millions d’yeux
N’ont que regrets d’avoir dû rester chez eux
Les dieux-médias sont eux tous au même endroit
Religion polythéiste mais tous ont la même voix
Et les lois de l’audimat
Il paraît que tous les savoirs sont contenus dans la boîte
L’autre de ses mains moites salue ses électeurs
On entame une ola pour le petit protecteur
Triés sur le volet, les fans sont aux anges
Les hommes jouent des coudes, demoiselles et dames s’arrangent
Pas de traces de rage, que des sourires béats
De toute évidence c’est un vrai bonheur d’être là

Au défilé…

Au défilé il a enfilé son plus beau costume
La Merco laisse presque des traces de chenilles sur l’asphalte
Demain c’est la guerre comme le veut la coutume
Les militaires en rang approchent et la foule exalte
C’est exact, il faut saluer les héros
Et de nouveau unir le peuple sous les drapeaux
Maquillage tricolore sur les joues des têtes blondes
C’est encore pire qu’une victoire en coupe du monde
Les stars brillent, arborent leurs sponsors
Sodas, fast-foods, malbouffe et consorts
Tout ce que consomme, en somme, l’homme moyen
Standard, classique, l’homme qui n’en pense rien
Lors du discours, ils auront la main sur le cœur
Debout dans les travées, ivres de fierté
Prêts à baiser la main dudit protecteur
La même qui les frappe en prétendant les caresser

Au défilé…

Au défilé, le temps s’étire mais semble figé
On y passe sa vie sans que rien n’ait changé
J’ai vu des gens y rester, s’y retrouver vieux
Tandis que des adolescents venaient s’y faire crever les yeux
Tu m’en promets, tu m’en promets, ton parti pris est uniquement lié
A ta Rolex et ton fric
L’esthétique compte plus que l’éthique
Et je doute qu’un jour la France saoule sorte de son coma éthylique
Alors l’acte isolé à la Lee Harvey Oswald
Et sa balle magique serait peut-être la seule morale
A cette parade où même le mot paradis sent le rance
Quelle chance d’habiter la France
La fiction a refroidi la réalité
Tellement plus spectaculaire et facile à faire passer
Alors souriez, allez saluer la masse
En attendant le sniper isolé comme à Dallas

Au défilé...

Il n'y aura pas de déluge

Dans les déserts de brouillard, paysages sans visage
Où les sages toisent les anges et entretiennent leurs présages
Relisent les passages de l'Apocalypse
Et envisagent avec gravité la grande éclipse
Ils parlent par ellipses et aiment les longs silences
Tristes sires agrégés de théologie ou de sciences
Perdus dans un savoir confus diffusé
Comme une vérité, apprise mais non vérifiée
Juste mal rédigée sur un vieux parchemin
Et les mensonges cheminent venus d'un passé lointain
Comme parole d'évangile, dite sacrée
Mais derrière leur morne prose il n'y a aucun secret
Stoppez les sacrifices, si le soleil se lève à l'Est
Ce n'est pas au nom du fils, ni du père, ni du reste
Qu'ils retournent au désert en attendant la purge
Mais les prophètes ont menti, il n'y aura pas de déluge

Rien n'est annihilé
Tout se reconstruit sur les cendres et les cimetières
Les décombres sont la matière première
Il n'y aura pas de déluge, demande à la poussière (X2)

Un prophète ambulant errait avec son étal
Par delà les campagnes, regard noir et teint pâle
Dans sa sacoche sale : potions, antidotes
Élixirs, poisons, livres sacrés et breloques
Quelques gris-gris en toc, des pass pour le paradis
La caisse enregistreuse et la machine à carte de crédit
Tu le vois arriver, c'est le premier vendeur
Le père spirituel des Bill Gates et Rockefeller
Chercheurs d'imposteurs dans le palais des glaces
Ils jouent la concurrence mais pas un d'eux n'a sa place
Dans la cité naissante où la vie bat son plein
Et où le prophète ambulant veut s'octroyer un terrain
Non, les lieux saints n'ont pas poussé subitement
Mais sont nés de la sueur d'esclaves et de leur sang
Leur promettant le repentir en cas de grabuge
Mais les prophètes ont menti, il n'y aura pas de déluge

Rien n'est annihilé
Tout se reconstruit sur les cendres et les cimetières
Les décombres sont la matière première
Il n'y aura pas de déluge, demande à la poussière (X2)

Désormais ils désertent les villes en proie à la peste
Après avoir tout fait pour que la maladie s'infeste
Ils investiront encore sur l'action de la comète
Qui se chargera calmement de la fin du monde qu'ils nous promettent
Les mythes s'écrouleront, leur morale d'un autre temps
Tombera mais le monde ne s'ouvrira pas pour autant
La vie survivra à leur calendrier
C'est de leur propre fin qu'ils ont peur, pas de celle de l'humanité
Ils peuvent retourner les cartes et prédire
Dans des visions obscures le carnage qui serait à venir
S’ils veulent s'étouffer dans les mouvements de panique
Où s'entasser à cent dans des abris antiatomiques
En attendant l'Apocalypse et les flammes
En priant indéfiniment pour le salut de leurs âmes
Même s’autoflagellant avant le passage devant le juge
Mais les prophètes ont menti, il n'y aura pas de déluge

Rien n'est annihilé
Tout se reconstruit sur les cendres et les cimetières
Les décombres sont la matière première
Il n'y aura pas de déluge, demande à la poussière (X4)


La révolution ne sera pas télévisée

La ville comme structure publicitaire!
Frénésie consommatrice, compulsive dans la matrice
Pour toi docile homme-sandwich du nouveau millénaire
Publicité pro-extrême droite sur les brassards de la police
Nationalisme, peur noire et bonnes affaires
Confusion dans la biosphère, stupeurs et tremblements
De terribles présages en provenance des géologues
Dans les réseaux, dans les câbles, les oracles ont prédit la fin
Les rayons, le nucléaire et les guerres sans butin
Juste pour le plaisir…
Ressors tes canifs, tes tours, tes diables montés sur ressorts
On vient buter du charlatan sur saccades et sur temps forts
Sûr, ils ne feront plus de prisonniers
Pas plus mal quand on connaît l’État et ses prisons
La vétusté de vos institutions, nos incisives sont affûtées
Ils ne savaient pas si on saurait le faire, bientôt ils seront fixés
On sait tout faire mais on n’a fait que nous étouffer
Ça les arrange qu’on fainéante quand ça s’active dans les hautes sphères
Je te parle de prendre nos affaires en main, rien de plus
Et de reprendre ce qui nous appartient à nous tous
Pas besoin de bombes dans les bus, de costumes défenestrés
Les banquiers sauteront d’eux-mêmes le jour du big-bang boursier
Ça arrive et on ne sera pas les plus atteints
Essai de voler quoi que ce soit à ceux qui ne possèdent rien
Qu’est-ce qu’on attend, dit moi qu’est-ce qui nous retient
Les caisses sont pleines et les fourgons pourraient s’ouvrir sans bain de sang
À la Toni Musulin, leur machine peut déraper
Car c’est nous les rouages de l’engin qui est en train de nous écraser
Ma vie n’a connu que la crise, c’est mon élément
J’en ai ras le bol qu’ils nous disent que c’est le bordel en ce moment
Car ça l’a toujours été, combien tu paries
Ce n’est pas nouveau comme les clochards qui crèvent de froid dans Paris
Crèvent de faim dans ce pays dont t’es si fier
Mais pour un communard, combien d’Adolphe Thiers?
Hypocrites, applaudissant, hypocrites, bêlant
Et attendant le retour des bleus sur les Champs-Élysées
Du pain, des jeux et de la sécurité
Travail, famille, patrie et écran LCD
Consomme et crève en démocratie
Travaille aussi, vends ta force, ferme ta gueule et produis
Qu’on t’ouvre les portes du paradis, un crédit éternel
Tes enfants payeront les dettes que tu as si chèrement acquises
À qui la faute, qui gère le capital?
Rien qu’une poignée de guignols, rien à foutre des Illuminati
La théorie du complot pour des rebelles sans cause
Et qui causent sur des forums, se jetant des fleurs que d’autres arrosent
Sors-toi les doigts du clavier, reprends les choses en main
Ne va pas mendier ta liberté à une urne et un bulletin
Rien que du vent dans tes mains
Les mêmes thèmes et les mêmes sales idées
Les mêmes écartés, mêmes pot de vins, mêmes mots d’ordre
Quel dommage que les chiens sans collier ne savent plus mordre
Ou alors m’a-t-on induit en erreur?
Quand on m’a certifié que les idées de révolte se meurent
Prises à la gorge, c’est notre dernier combat
Sers les poings, rien ne garantit que qui que ce soit en reviendra
En vérité, n’attends pas de la voir annoncée
Car la révolution ne sera pas télévisée!


Contes du nulle part

Dortoirs de passages et toits temporaires
Pour se cacher de la pluie jusqu’à la prochaine galère
Encore une nuit sans étoiles, on veut dormir sans rêver
Et la manière la plus simple est encore de s’assommer
C’est si facile d’accès, ne leur demande pas comment
Le Petit Poucet a montré la voie en semant des cailloux blancs
Et en simulant le chemin du retour à la maison
Tu t’es retrouvé en carafe au pays des illusions
Action, désormais c’est ton tour
Faut mentir pour leur plaire sinon ils restent sourds
Faut se mentir à soi-même, même si ça ne mène à rien
Tu le sais bien mais en vain t’es dans le tourbillon quotidien
Et tu te détaches de toi-même, t’oublies qu’on te déteste
T’oublies que dans la cour de récré les gosses te surnommaient la peste
Tu scotches, tiens ton poste pour rien, t’accumules les rides
Comme le veilleur de nuit qui surveille un coffre vide

Contes du nulle part, des villes vides et du désert
Contes des quartiers gores, du terroir, des villages-cimetières
Contes du nulle part et des enfances en errances
Décompte du temps qui passe dans la souffrance et dans le silence (X2)

Elle a saisi, elle sait, quel est le tirage derrière les cartes
Car depuis petite elle subit la promiscuité de l'appart
Et du monstre qui l'habite alors l’œil à la fenêtre
Elle rêve d'un terrain de jeu même plein de toxs et de proxénètes
Donc elle sort traquer de quoi respirer dans l'air vicié
Les odeurs de pisse et le manque d'oxygène du quartier
Là où elle semble clouée, alors qu'elle ne pense qu'à fuir
Et elle crache son fiel dans chaque bouffée d'air qu'elle expire
Princesse sans conte, perdue dans les pages blanches du quotidien
Pourquoi attendre que l'ogre vienne écrire lui-même le mot "fin"
Quand on peut courir plus vite, et quitte à pourrir le récit
Et puisqu'il n'y a aucun carrosse qui ne l'attende à minuit
Autant retenir la nuit dans le monde des artifices
Des danses rituelles et des masques, des heures d'ivresse et de vice
Descendre avec Alice en enfer, ou plus ou moins
Parcourir le désert pour en sonder chaque recoin

Contes du nulle part, des villes vides et du désert
Contes des quartiers gores, du terroir, des villages-cimetières
Contes du nulle part et des enfances en errances
Décompte du temps qui passe dans la souffrance et dans le silence (X2)

Des images de gosses lui reviennent, des histoires avant de dormir
Histoires, vraies ou fausses, dont il essaie de se souvenir
Mais en vain, y a rien qui vient, non rien qui réagit
Toute son enfance, s'il en eut une, est définitivement partie
Maudite, et c'est peut-être d'ici que viennent tous ses maux
Ses névroses, ses colères, ses enfers et sa connerie de trop
Celle qui l'a mené ici, les mauvais pactes passés
Au carrefour des perspectives nulles et des existences gâchées
Un hiver glacé dans le brouillard quand Cocher
Et ses sbires sur le bitume un matin sont venus le chercher
Il avait si peu à perdre, drapé dans ses sapes loqueteuses
Juste la cible idéale pour une entreprise vicieuse
Et la suite? Il en subit les conséquences
Encore et toujours en portant le poids de sa pénitence
A seize ans, il n'a ni futur, ni passé
La justice et la société voudraient juste pouvoir l'effacer

Contes du nulle part, des villes vides et du désert
Contes des quartiers gores, du terroir, des villages-cimetières
Contes du nulle part et des enfances en errances
Décompte du temps qui passe dans la souffrance et dans le silence (X2)

Monologue de l'assassin 2

Hey cowboy, le soleil s’éteint sur la ville
Je sais que c'est dans ces moments que tu deviens l'assassin sans mobile
Autre que ton envie et une proie facile
Arpentant les rues sous les étoiles inutiles
Tu sais à peine qui tu es, c'est pour ça que tu diras que t'as tué
Et ça te réjouira sûrement de voir ta face à la télé
Et en grosses lettres un nom qui ne t'évoque rien
D'où viens-tu, tu n'en as jamais été certain
Les psys seront perplexes devant ton cas
Quand tu t'attribueras des crimes que tu n'as même pas commis
Comme ça, en fait juste pour voir si
Ces cons sont aussi intelligents que toi
Mais ton heure n'est pas encore arrivée
A la rigueur, au final, c'est peut-être toi qui te rendras
Avant qu'on t'ait retrouvé dans ton studio planqué
Pas bouffé depuis des jours, encore du sang sur les doigts
Moi je te vois arriver, la nuit est silencieuse
Tu sillonnes les boulevards et les ruelles véreuses
Là où il se trame sans cesse des choses
Le schlass est dans ta main mais personne n'y voit grand chose
Un type rentre chez lui, la porte à côté
Mais pour ce pauvre type demain ne va jamais exister
C'était ton tour de te sentir surhumain
Et quand je reviens à moi, j'ai le couteau dans la main


Hey cowboy!..... What's that trip?......
Hey cowboy!..... What's that trip?......

L'émancipation des MCs

Nellio :
Le son claque, matraque tes tympans, la force de frappe est sans égale
Le rap crade des rats d’égouts débarque, crache son souffle, touche où ça fait mal
Sans égard pour tes règles, tes rengaines et tes petites leçons
Les esprits libres esquivent les pièges et tracent leurs routes à leur façon
Et ceux qui savent reconnaîtront la marque de fabrique
De la recette miracle qui déjoue toujours les pronostics
Loin des MCs qui chialent, font la manche aux portes des grosses prods
Le Hip Hop sort des recoins sombres pour cramer toutes leurs modes
Dans les souterrains hostiles les anonymes préparent leurs plans d’attaques
Le vent de la révolte se lève, tes radios sont mises à sac
Tes buildings vacillent, prennent des airs de Tour de Pise
Tandis que la panique fait trembler toutes les marionnettes du showbiz
La rage est dans nos crachats, les postillons tapissent les vieux pop killers
Et les barbares viennent remettre les pendules à l’heure
La chute de tes ventes, ta faillite, c’est pas notre problème
On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même

Manu :
A l'heure de l'âge d'or des adorateurs du dollar
Va leur dire que ce qu'on pratique dans nos égouts est un art
Va leur faire comprendre qu'on n’en calcule pas la valeur
En ventes, passages radiophoniques ou écoutes sur Deezer
Dis-leur qu'on n’exécute pas les ordres du marionnettiste
Que c'est pas depuis que Skyrock passe du rap que le Hip Hop existe
On a soulevé la trappe, mixé les éléments
Loin des rappeurs zélés et des imposteurs du mouvement

Joe Pepsy :
Passe le sample en boucle, je suis amnésique
Car le seul truc où on est encore libre, c’est notre musique
Sans compromis, comme promis, le cro-mi je l’éclate
Mon CD faut pas que tu l’achètes mais que tu le pirates
Rien à foutre des petits rats qui courent après la carotte
Je fais du peura contre un repas, je me sers d’un contrat quand je me torche
Quand je sors mon ceau-mor de ma grotte, c’est pour mes potes et pour que ça saigne
Je fais du son loin des cartels du disque et de la Sacem
Ceux qui veulent faire de la musique un business sont dans l’utopie
Ils peuvent se l’enfoncer profond leur loi Hadopi
Reste planqué dans ton bureau à te branler sur tes disques d’or
On ne veut pas de commercial mais du hardcore
Ils déversent une poubelle dans ton salon, du M.Pokora
Ils ont enterrés plus de merde que la Camorra
Normal, ils veulent nous détruire donc on anticipe
Et petit à petit, les MCs s’émancipent

Manu :
On se doit de se battre pour ceux qui tombent, pas oublier les premières heures
Les premières mesures qu'on a gratté avec les tripes, avec le cœur
Dans nos secteurs, pour info, j'ai pas oublié d'où je venais
Mais c'est d'un coin tellement glauque que j'ai jamais voulu y retourner
Ici on s'est fait tout seul, ou presque, à quelques-uns
Triturant les samples et les rimes jusqu'à tomber au petit matin
De la musique de morts de faim qui n’intéresse pas les labels
Et c'est mieux parce que nous on travaille pas, on fout le bordel!
De l'expression direct, aucun dogme, aucun diktat
Aucun formatage pour radios, aucune avance, aucun D.A.
C'est juste le simple béaba du "Do It Yourself"
Pas de boss, surtout pas de comptes à rendre et pas de petits chefs
On avance dans la marge, marche à notre allure
Mord la ligne, le mors aux dents, jusqu'à la dernière mesure
On sait qu'ils n'ont jamais fait de cadeaux aux "jeunes à problèmes"
L'émancipation des MCs sera l’œuvre des MCs eux-mêmes!


Ex-fan des nineties

Je repasse un tour, me passe un replay un coup
La pendule de Flavor Flav accrochée autour du cou
Un retour sur le sillon des années 90
Une étrange décennie, juste sauvée par le gros son
Unity, love and peace, déjà sacrément loin
Sur la rage de Chuck D, poing levé, micro en main
Public Enemy N°1, du terrorisme sonore
Ou comment donner ses lettres de noblesses au hardcore
Dans la volée de corbeaux noirs sur le cimetière du rap
Un truc sombre dans le ciel, même le soleil s'écarte
Dans l'ombre de Biggie Small, éclipse totale
La lourdeur opaque happe les enragés, les vandales
Sur la côte quand une petite poignée de racailles
Commençait à tellement peser que ça en effrayait le FBI
2Pac endosse alors son costume de Machiavel
Et dans les fumées d'un drive-by se fait la belle

Disparus 2Pac et Biggie, Guru, MCA et DJ Medhi
Disparus Nate Dogg et Eazy E, Jam Master Jay, Big Pun et Ol' Dirty
Disparus 2Pac et Biggie, Guru, MCA et Lionel D
Disparus Nate Dogg et Eazy E, Jam Master Jay, Big L et Ol’ Dirty

Les murs parlent d'eux mêmes, même si le temps les fissure
Et que les hommes tombent à terre par ambition ou par usure
Insatiable appétit de dollars et de guns
Mais c'est son monde, son histoire, demande à Big Pun
Le cimetière des MCs est plein de monstres sacrés
D'immenses sépultures de marbres graffées, taggées
Dans les allées, la guerre du rap n'est pas finie
Même si tout le monde se recueille sur la tombe de Eyedea
Et des types en costumes noirs viennent rendre des hommages
Les vautours de l'industrie du disque sont dans les parages
Le marché a brûlé même les plus belles intentions
Les années sont passées, elle est loin la révolution
Mais qu'importe, tu peux toujours aller piocher
Dans les bonnes recettes de la cuisine de DJ Premier
Dans les vieux NWA, la révolte et la rage
L'énergie trop longtemps contenue de fauves qui ont ouvert la cage
Une révolte sans âge gravée sur le sillon
Une culture sauvage cultivée par passion
C'était plus qu'un passe-temps, une obsession totale
La bande son de l'histoire des vauriens, des vandales
Nous on étudiait ça en rêvant d'en être
Le Bronx et Queensbridge à chacune de nos fenêtres
Et aujourd'hui dans le souffle de nos cassettes usées
C'est ces putains d'années 90 qu'on entend respirer

Disparus 2Pac et Biggie, Guru, MCA et DJ Medhi
Disparus Nate Dogg et Eazy E, Jam Master Jay, Big Pun et Ol' Dirty
Disparus 2Pac et Biggie, Guru, MCA et Lionel D
Disparus Nate Dogg et Eazy E, Jam Master Jay, Big L et Ol’ Dirty

Bienvenue dans la prison

Superstructure pénitentiaire, murs de huit mètres, miradors
Dans une parcelle de désert prise pour une poignée de dollars
État et investisseur ont négociés l'accord
Un car fend la poussière et vient livrer les taulards
Bandeau sur le visage, désorientation
Lieu sans vie, lieu sans nom, lieu sans juridiction
L'énorme cellule mouvante aux sujets condamnés
Martèle une vague route, le seul couloir bétonné
Dans le vaste désert désolé, le vaste désert grouillant
De scorpions, de coyotes, de mygales, de serpents
Parcours interminable mené dans un monde sans nom
l'asphalte transpire le vide et la dévastation

Bienvenue dans la prison...

Cellules taillées à l'équerre, tout pleure de perfection
Architectes-chiffres, la plus moderne de vos prisons
Tout est là, précisé, chacun jouera son rôle
Et composera avec l'âme métallique de la taule
Des médecins méthodiques auscultent les résidents
Selon leurs résistances physiques ils les soumettent à des traitements
Officiellement on guérit et on travaille les détails
Le ministre a refusé que quiconque emploie le mot cobaye
Pour parler des sujets, des numéros d'écrous
Des caractères criminels, des condamnés par l'état-tout
Un tas de chair humaine à maintenir en vie
A détruire de l'intérieur des fois qu'il sortirait d'ici

Bienvenue dans la prison...

Tout est parfait, marche au pas, horaires fixes, obligatoires
L'œillet, la caméra, les gardiens, l'œil du mouchard
Des matons sadiques, armés, "anabolisés"
Mais dans un espace de non-droit personne ne vous entend crier
Le désert est immense, les tornades de poussière
Se brisent sur la superstructure pénitentiaire
Dans la cour un carré de quelques mètres de largeur
Laisse voir un ciel uniforme, seul contact au monde extérieur
Il n'y a pas un bruit, pas une ombre, pas un souffle
le vent n'existe plus, plus aucune rafale ne siffle
Et l'autocar-prison fait route, transperce la pellicule
Sur le chemin goudronné fumant sous la canicule

Bienvenue dans la prison...  

Paname tic tac

Paname, Paname, Paname tic tac...
Paname, Paname, Paname tic tac...

Deux tickets de métro usagés
Jetés dans une poubelle en sortant de la bouche
Il croise la miss qui file à toute vitesse
Il croise la miss et louche sur ses fesses
Elle court, encore, file dans les transports
Les pubs dévorent, envahissent les murs
Sous lesquelles des clochards cuvent leur vinasse
Un iPod passe, "jeune homme une petite pièce?…"
Il n’entend pas, rêveur, il sort à Châtelet
Il a rencard, il s’installe et commande un café
Pour elle c’est juste un job d’été, elle en a déjà marre
Et toujours ce même vieux pervers accoudé au comptoir
Lui en a marre de tout, il boit dès le matin
Son patron est un salaud, sa femme est une putain
Et le flipper a fait tilt, y a Gabin qu’enrage
La putain d’extra ball a filé dans le passage
Il règle et se casse, attrape le bus
Y a une poussette qui chiale avant de s’attraper le pouce
Là elle se sent beaucoup mieux, même si ça remue
Et que maman fait la moue, peut-être que maman ne l’aime plus
Mais elle a surtout les nerfs mamaaaaaaan!
Et les cernes comme des cratères mamaaaaaaaaaaan!
Elle descend vers Luxembourg, présente son Navigo
A l’immense contrôleur qu’est pas très fier de son boulot
Mais après tout faut bien vivre et c’est vrai qu’y a pire
Même si ça le travaille toujours avant de partir
Et de prendre son service, attendre à l’arrêt
Il espère aujourd’hui ne pas trop en aligner
Moi je me fais encore gauler, je collectionne les amendes
(De toute) façon j’ai pas de quoi payer alors qu’est-ce qu’on me demande?!
Je balance la prune, bouscule un costard
Mais ce type aura beau courir vite, il sera toujours en retard
Il a trop de trucs à faire, d’obligations à remplir
Dans la foulée il perd, laisse tomber son larfeuille
Qu’une bonne sœur ramasse, hésite un peu
Puis applique ce qu’elle considère être comme la volonté de Dieu
Elle le garde en poche, continue son chemin
Trois flics arrêtent un honnête arracheur de sacs à main
Qui jure que c’est le sien, sa défense est débile
Mais qu’est-ce qui ne l’est pas ici, putain, j’adore ma ville!

Paname, Paname, Paname tic tac...
Paname, Paname, Paname tic tac...
Paname, Paname, Paname tic tac...
Paname, Paname, Paname tic tac...

Boss

Sur la ville mouvante, la nuit mauvaise a fait main basse
Mais le diable ne dort jamais, sa main de fer écrase la masse
Le maire veille du haut de sa tour de verre immense
Où s'amassent les mafieux et les pontes de la finance
Vue d'ici, la ville est une toile d'araignée
Illuminée où tout peut se vendre et s'acheter
Où défile sur une sinistre mélodie
Dans une forêt de buildings quelques millions de fourmis
Son royaume a fondu comme une vague sur la cité
Il a tout emporté et refondé sans s’expliquer
Il a dominé les uns, empêché de nuire les autres
Pour le pouvoir qu'importe la portée du désastre
Ses apôtres ont peur de leur propre ambition
Il n'y a pour l'heure pas de limite à la sévérité de la sanction
Chacun surveille ses arrières, quant au citoyen lambda
Il semblerait bien qu'il ne s'imagine même pas...

Qu'il ne s'imagine même pas les millions sous le matelas
De monsieur le maire, ses lubies, ses dîners, ses galas
Sa galerie d'art où il ne met jamais les pieds
La culture entassée dans sa bibliothèque fermée
Comment il a étouffé dans l’œuf toute idée novatrice
Le changement c'est dangereux donc le changement sera factice
Il n'imagine même pas pour qui il a voté
Et que de toute façon l'affaire était déjà pliée
Il ne sait pas et se demande où passent ses impôts
Alors il accuse les bénéficiaires des minimas sociaux
Il se demande comment on en est arrivé là
Mais ne se doute même pas qu'il y a bien une réponse à ça

Mais assis sur son trône, insatiable
Le maître du royaume demeure intouchable
Assis sur son trône instable et décrépit
Mais si il tombe il entraîne toute la ville avec lui (X2)

L'autoritaire, irascible et cynique vieillard
Cache derrière son sourire de la haine à n'en plus pouvoir
En plus d'une colère noire contre collègues et concurrents
De plus en plus paranoïaque, nerveux, insomniaque, à cran
Méprisant envers chacun des citoyens de cette ville
Tout puissant mais néanmoins bientôt devenu inutile
Le néant se rapproche malgré tous les détours
Il n'avait jamais envisagé qu'il devrait mourir un jour
Encore moins passer le relais, même à sa descendance
Se choisir un héritier, devoir tirer sa révérence
Et remettre les clefs, un jour passer la main
Une destinée vague et floue sans cesse remise à demain
Que le peuple ne veuille plus de lui ne lui semble pas réel
Mais la masse n'a de toute façon jamais su ce qui était bon pour elle
Elle bêle, réclame puis lui mange dans la main
Les miettes qu'il a fait tomber par terre lors de ses festins
Dans son bunker, quelque part hors du monde
Dans sa sphère où seules ses opinions à lui comptent
Là où personne n'osera jamais élever la voix
Le genou à terre, ses sous-fifres à ses côtés continueront le combat
Quitte à se sacrifier pour le boss de la cour de récré
Pour le plus mauvais de tous qui les a tyrannisés
Pour ne pas avoir à choisir et par peur du changement
Qui gronde à la porte de la mairie depuis un bon moment

Mais assis sur son trône, insatiable
Le maître du royaume demeure intouchable
Assis sur son trône instable et décrépit
Mais si il tombe il entraîne toute la ville avec lui (X2)

La ville où les gitans se sont arrêtés

Mouve-toi comme tes ancêtres de pays en villages
Trace ta route dans la forêt, dans les champs, les marécages
Il n'est pas encore trop tard pour faire machine arrière
Mais cette fois oublie ton passé, il n'y aura plus rien derrière
Quand tu l'auras décidé, quand tu l'auras voulu
Juste pour toi car là-bas, ne t'y trompe pas, on ne t'attend plus
Fais ton choix ou fane, attends l'hiver ici
L'hiver le plus long celui auquel nul ne survit
Tu as connu les camps, on t'a plus d'une fois parqué
Tu connais mieux que quiconque la privation de liberté
Car tu en avais trop faim, bienheureux gitan
Sur la route rocailleuse accompagné du juif errant
Accroche-toi à la carriole bringuebalante sur le chemin
Avance tant que tu peux, repose-toi quand tu en as besoin
D’Est en Ouest, pourquoi toujours cette même trajectoire
Ne serait-il pas temps de changer le cours de l'histoire?

Nous avons traversé les voies, traversé les âges
Étiez-vous dans les parages lors du dernier campement
Traversé les temps, fait mentir les faits
Traversé la ville où les gitans se sont arrêtés (X2)

Peu de poids sur les épaules, tu ne possèdes rien
Tu ne te souviens plus d'hier, tu ne connais pas demain
Les démons sur tes bottes semblent maintenant se fatiguer
A l’usure tu les auras, un par un ils vont tomber
Tu continueras ta route au-delà des champs de mines
Des murs criblés de balles, des miradors et des lignes
Ennemies, comme ils disent partout
Si bien qu'on ne sait plus trop qui est censé être avec nous
Mais qu'importe, qu'est-ce que ça change pour les apatrides
Qui ont fui les nationalismes et leurs relents putrides
Qui errent encore sans passeport et traversent les frontières
En esquivant force douanes, policiers et militaires
Le chapeau sur les yeux dans le soleil couchant
Ils errent comme on respire, ils errent comme on prend son temps
Heureusement la cible est mouvante, les bois sont remplis de geôliers
Aussi vrai que la Terre tourne, nous sommes tous des évadés

Nous avons traversé les voies, traversé les âges
Étiez-vous dans les parages lors du dernier campement
Traversé les temps, fait mentir les faits
Traversé la ville où les gitans se sont arrêtés (X2)

Ils ont voulu t'arrêter, t'emprisonner, voyageur
t'encadrer, t'"empavillonner", compter les heures à ta place
Tu sais que certains ne passent pas toutes les frontières
Il faut plus que du cœur pour survivre dans ce monde en guerre
Regarde cette ville d'où plus personne ne sort
Où on meuble le silence et l'ennui par de jolis décors
Où chacun prétend que cette terre lui appartient
Où on mettra des épouvantails pour effrayer les tiens
Pas un qui ne se rappelle comment il est arrivé
Tu verras comme il est facile de s'inventer un passé
Tous hier marchaient, cassaient les murs trop hauts
Enjambaient les barrières, les océans, les ruisseaux
Ils se sont arrêtés là mais ça leur ferait trop mal
De s'avouer qu'en fin de compte, nous sommes tous des ex-nomades
De simples sauvages en carafe, à l'arrêt
Qui repartiront demain et oublieront leur passé

Nous avons traversé les voies, traversé les âges
Étiez-vous dans les parages lors du dernier campement
Traversé les temps, fait mentir les faits
Traversé la ville où les gitans se sont arrêtés (X4)

The Time is Stretching