jeudi 13 février 2014

Bienvenue dans la prison

Superstructure pénitentiaire, murs de huit mètres, miradors
Dans une parcelle de désert prise pour une poignée de dollars
État et investisseur ont négociés l'accord
Un car fend la poussière et vient livrer les taulards
Bandeau sur le visage, désorientation
Lieu sans vie, lieu sans nom, lieu sans juridiction
L'énorme cellule mouvante aux sujets condamnés
Martèle une vague route, le seul couloir bétonné
Dans le vaste désert désolé, le vaste désert grouillant
De scorpions, de coyotes, de mygales, de serpents
Parcours interminable mené dans un monde sans nom
l'asphalte transpire le vide et la dévastation

Bienvenue dans la prison...

Cellules taillées à l'équerre, tout pleure de perfection
Architectes-chiffres, la plus moderne de vos prisons
Tout est là, précisé, chacun jouera son rôle
Et composera avec l'âme métallique de la taule
Des médecins méthodiques auscultent les résidents
Selon leurs résistances physiques ils les soumettent à des traitements
Officiellement on guérit et on travaille les détails
Le ministre a refusé que quiconque emploie le mot cobaye
Pour parler des sujets, des numéros d'écrous
Des caractères criminels, des condamnés par l'état-tout
Un tas de chair humaine à maintenir en vie
A détruire de l'intérieur des fois qu'il sortirait d'ici

Bienvenue dans la prison...

Tout est parfait, marche au pas, horaires fixes, obligatoires
L'œillet, la caméra, les gardiens, l'œil du mouchard
Des matons sadiques, armés, "anabolisés"
Mais dans un espace de non-droit personne ne vous entend crier
Le désert est immense, les tornades de poussière
Se brisent sur la superstructure pénitentiaire
Dans la cour un carré de quelques mètres de largeur
Laisse voir un ciel uniforme, seul contact au monde extérieur
Il n'y a pas un bruit, pas une ombre, pas un souffle
le vent n'existe plus, plus aucune rafale ne siffle
Et l'autocar-prison fait route, transperce la pellicule
Sur le chemin goudronné fumant sous la canicule

Bienvenue dans la prison...  

The Time is Stretching