Superstructure pénitentiaire, murs de
huit mètres, miradors
Dans une parcelle de désert prise pour
une poignée de dollars
État et investisseur ont négociés
l'accord
Un car fend la poussière et vient
livrer les taulards
Bandeau sur le visage, désorientation
Lieu sans vie, lieu sans nom, lieu sans
juridiction
L'énorme cellule mouvante aux sujets
condamnés
Martèle une vague route, le seul
couloir bétonné
Dans le vaste désert désolé, le
vaste désert grouillant
De scorpions, de coyotes, de mygales,
de serpents
Parcours interminable mené dans un
monde sans nom
l'asphalte transpire le vide et la
dévastation
Bienvenue dans la prison...
Cellules taillées à l'équerre, tout
pleure de perfection
Architectes-chiffres, la plus moderne
de vos prisons
Tout est là, précisé, chacun jouera
son rôle
Et composera avec l'âme métallique de
la taule
Des médecins méthodiques auscultent
les résidents
Selon leurs résistances physiques ils
les soumettent à des traitements
Officiellement on guérit et on
travaille les détails
Le ministre a refusé que quiconque
emploie le mot cobaye
Pour parler des sujets, des numéros
d'écrous
Des caractères criminels, des
condamnés par l'état-tout
Un tas de chair humaine à maintenir en
vie
A détruire de l'intérieur des fois
qu'il sortirait d'ici
Bienvenue dans la prison...
Tout est parfait, marche au pas,
horaires fixes, obligatoires
L'œillet, la caméra, les gardiens,
l'œil du mouchard
Des matons sadiques, armés,
"anabolisés"
Mais dans un espace de non-droit
personne ne vous entend crier
Le désert est immense, les tornades de
poussière
Se brisent sur la superstructure
pénitentiaire
Dans la cour un carré de quelques
mètres de largeur
Laisse voir un ciel uniforme, seul
contact au monde extérieur
Il n'y a pas un bruit, pas une ombre,
pas un souffle
le vent n'existe plus, plus aucune
rafale ne siffle
Et l'autocar-prison fait route,
transperce la pellicule
Sur le chemin goudronné fumant sous la
canicule
Bienvenue dans la prison...