Parade,
et la fanfare s’époumone
Les
grands hommes défilent dans les Mercedes et klaxonnent
Saluent
la foule immense, la masse et son visage
Figé
par une émotion d’usage
Et
rivés sur l’écran des millions d’yeux
N’ont
que regrets d’avoir dû rester chez eux
Les
dieux-médias sont eux tous au même endroit
Religion
polythéiste mais tous ont la même voix
Et
les lois de l’audimat
Il
paraît que tous les savoirs sont contenus dans la boîte
L’autre
de ses mains moites salue ses électeurs
On
entame une ola pour le petit protecteur
Triés
sur le volet, les fans sont aux anges
Les
hommes jouent des coudes, demoiselles et dames s’arrangent
Pas
de traces de rage, que des sourires béats
De
toute évidence c’est un vrai bonheur d’être là
Au
défilé…
Au
défilé il a enfilé son plus beau costume
La
Merco laisse presque des traces de chenilles sur l’asphalte
Demain
c’est la guerre comme le veut la coutume
Les
militaires en rang approchent et la foule exalte
C’est
exact, il faut saluer les héros
Et
de nouveau unir le peuple sous les drapeaux
Maquillage
tricolore sur les joues des têtes blondes
C’est
encore pire qu’une victoire en coupe du monde
Les
stars brillent, arborent leurs sponsors
Sodas,
fast-foods, malbouffe et consorts
Tout
ce que consomme, en somme, l’homme moyen
Standard,
classique, l’homme qui n’en pense rien
Lors
du discours, ils auront la main sur le cœur
Debout
dans les travées, ivres de fierté
Prêts
à baiser la main dudit protecteur
La
même qui les frappe en prétendant les caresser
Au
défilé…
Au
défilé, le temps s’étire mais semble figé
On
y passe sa vie sans que rien n’ait changé
J’ai
vu des gens y rester, s’y retrouver vieux
Tandis
que des adolescents venaient s’y faire crever les yeux
Tu
m’en promets, tu m’en promets, ton parti pris est uniquement lié
A
ta Rolex et ton fric
L’esthétique
compte plus que l’éthique
Et
je doute qu’un jour la France saoule sorte de son coma éthylique
Alors
l’acte isolé à la Lee Harvey Oswald
Et
sa balle magique serait peut-être la seule morale
A
cette parade où même le mot paradis sent le rance
Quelle
chance d’habiter la France
La
fiction a refroidi la réalité
Tellement
plus spectaculaire et facile à faire passer
Alors
souriez, allez saluer la masse
En
attendant le sniper isolé comme à Dallas
Au
défilé...