vendredi 13 décembre 2013

Sonore et dégueulasse

Dans l’arène de la haine, des boursicoteurs, des traders
Mes frères ne rêvent même plus d’vengeance, maintenant ils rêvent de mass murder
Grandi dans la violence des chiffres, bon p’tit soldat consommateur
Crois pas que c’est l’pognon qui m’attire quand j’pose ma rage sur un sampleur
Vu qu’on s’attend toujours au pire, maintenant plus personne n’semble y croire
Quand on débarque c’est pas pour rire, c’est pour tirer sur le pouvoir
Cracher, jurer, détruire, maudire, c’est pour pourrir leurs étendards
Partir en guerre contre l’empire, aux portes du palais, drapeau noir
Le pire des drivers de transpal’, saboteur de ton affaire
Feignasse d’la casquette aux sandales, endormi sur l’banc du vestiaire
Ouais le parasite dont on parle dans les bars comme dans les ministères
Qui est au minimum sans morale, au pire communiste ou anar’
Y’aura pas d’triomphe musical, ça pourra finir qu’en biture
Et vu l’état d’la conjoncture, LDM c’est du "no futur"
Alors oublie tout c’que tu sais du hiphop, mouvement ou caricature
Après nous le déluge, juste au bord de la dernière mesure

V’la les trimardeurs de la routine qui se baladent sur ta rame
Flip flap, paname magique shaman man
Pratique oï et yo, la raïa d’Peyo
Fait du yoyo avec les mots, guérillero marmaille
Rap cosmique à cause des vapeurs coniques
En tout cas les sorciers n’entraient pas en transe sous plantes transgéniques
Phases qui moussent, phases qui suent
Phrasé qui tue, quand il tousse c’est tout l’périph’ qu’éternue
Gueule cassée d’anarchiste, vieux cœur tendre d’artiste
Peau en alu papier, sur son utopisme en acier
Subsiste dans le monde des arts, fait la ronde des bars
Keupon idéaliste standard
Ça bivouac sous les mots et moonwalk sur l’boulevard
Comme à son époque Rousseau, on est rosseur de stars
Rap de bar, rap de suie, car Caterpillar
Rime d’un soir, rame de nuit, ripe comptoir


Art de la fugue

Crêtes en l’air, casquettes à l’envers
Tellement de verlan, tellement de travers
Qu’on les a dans le dos, moi aussi j’invente mon argot
Identité dessinée, cadeaux de mes récits d’ado
De pures skeudis dédicacés coincés dans mon sac à dos
Et vérités scandées sur musiques saccadées
C’est ce qui m’a rendu mordu de zikmu
Lorsque j’errais seul des heures durant dans la rue
Je m’suis instruit, construit là-dessus
Mille mélodies me consolèrent, stimulèrent le reclus
Mon esprit tu formas et mon chemin tu traças
Aussi musique cette chanson est pour toi
Tout c’que tu m’as donné, jamais tu l’reprendras
Comme une mère tu m’as aimé, mama musica
Et j’craindrais, enfin j’crois, jamais plus, ni le froid
Ni les cris dans les nuits que j’passerais sous tes draps

Refrain : J’cherche la fuite, j’cherche la fugue, m’échappe à la faveur de la nuit
Entre les notes, entre les sons, crève le rideau, roule sous la pluie
J’cherche à déchirer la brèche, crever la nuit, la fin des temps
Trouver l’abri, squatter la cache, bien brûler la mèche au présent (X2)

Je n’suis moi-même qu’à distance quand j’observe mon comportement
Mes goûts, mes couleurs, ma conscience, comment j’agis, n’importe comment
Conditionné par rien du tout, p’t’être un peu mais j’y peux rien
Là j’vais chercher mes influences dans un album ou un bouquin
Juste un peu d’culture à becter, écrire encore, écrire toujours
Gueuler en écoutant du punk ou du hiphop aux beats bien lourd
Devant ma radio tous les jours à 15 piges j’n’écoutais qu’ça
Et j’te compte pas l’nombre de cassettes que j’ai blindé Face B/Face A
Je n’reviendrais pas en arrière, la nostalgie c’est du vent
Mais aujourd’hui l’constat s’impose, le hiphop c’était mieux avant
Événements tatoués à vie, salles de concerts enfumées
Le flow, la présence de MCs qui n’pensaient qu’à nous faire jumper
Virez vos nappes de synthé, remettez tendance les BPMs
Les samples qui crépitent, bien grillés, les basses bien grasses comme on les aime
Une touche d’subversion pour les frères, le rap ne fait plus peur
Il roule en BM, bouffe Mc Do, prend ton pognon et siffle ta sœur
J’ouvre les portes aux barbares, aux filles de mauvaises vertus
Enlacées, lascives, assises sur ta morale, tes idées reçus
Qui se réclame authentique, ça n’parle que dollars et benef’
Les MCs rêvent tous d’un show-case lors d’un séminaire du Medef
Augmente le volume dans les baffes, fous du boucan, du bordel
J’m’excuserais pas d’avoir gouté, kiffé, pratiqué c’t’art rebelle
La Dernière Mesure dans ton bal ou pour ta teuf à la maison
Ma culture c’est Paname, rap hardcore et accordéon

Refrain (X2)

C’est sûr maintenant, j’t’ai dans la peau, dans l’sang
Tu seras plus autre part et j’serais plus autrement
Y’aurait tellement de mots, pas que mille seulement
Maintenant le moindre à faire c’est d’te jouer gratuitement
Nan? J’me rappelle à nos débuts ma belle
Tous les deux, amoureux, dans l’sous-sol pêle-mêle
Audibles à peine mais à base de peines et d’zèle
Du dos au sol à assis, on a ciblé le ciel sans les ailes
Dos, ré, mi, fa, sol et relation passionnelle
Nous, la musique et l’enfant rebelle
On complote, on sonde les rêves
On se ballade entre les notes et on se décharge en lettres
J’me demande même combien d’litres de mal-être t’as fait fuir par la fenêtre
donc qu’il fasse jour ou nuit
Nous on joue à vue et on draine la vie
Tellement d’rêves envolés, enfant un temps, tant pis

Refrain (X2)


La petit boutique des horreurs

Des gorges tranchées, des cadavres, d’la violence à outrance
Des corps lacérés, d’la torture, de la vengeance
Et des femmes ligotées, un œil crevé à coup de couteau
Une prostituée découpée puis conservée dans un frigo
Un cannibale vorace relâché par la justice
Une vieille attachée à une chaise subissant les pires sévices
Une orgie d’politiques, des femmes soumises malgré elles
Un immigré tabassé retrouvé mort dans une poubelle
Expulsion d’sans papiers, un mort étouffé dans l’avion
Une garde à vue qui vire au drame mais ne bouleverse pas l’opinion
Plusieurs milliers de kilogrammes de coke dans un bateau
Un fix d’héro avec une seringue appartenant à des séropos
Des barebackeurs fiers et libres, un juge corrompu, un pourri
Un viol, un enlèvement, un génocide impuni
Vous avez vidé ma boutique c’est à n’y rien comprendre
La bonne fortune me sourit mais je n’ai plus rien à vendre

Refrain : C’est la p’tite boutique des horreurs
C’est la p’tite boutique des horreurs
C’est la p’tite boutique des horreurs
J’ai fait fortune, j’ai fait fortune, j’ai fait fortune en quelques heures (X2)

La bombe nucléaire qui pète à Hiroshima
Un massacre à la machette près d’un million d’morts au Rwanda
Les violences à Grozny, les exécutions sommaires
La reconversion de Klaus Barbie, vie impunie de tortionnaire
Et la guerre en Algérie, le massacre de Charonne
La politique communiste en Russie avec Staline
Le non-respect des Droits de l’Homme, une déclaration bafouée
Les erreurs judiciaires, les innocents emprisonnés
La violence en prison, le scandale Guantanamo
Les photos d’Abu-Ghraïb, la dictature de Franco
La mort de Malik Oussekine, celle de Carlo Giuliani
La gestapo, les SS qui encercleraient le maquis
Les résistants torturés, les guerres bactériologiques
Les fameuses frappes chirurgicale qui atterrissent sur des cliniques
Vous avez vidé ma boutique c’est à n’y rien comprendre
La bonne fortune me sourit mais je n’ai plus rien à vendre

Refrain (X2)

La propagande télévisée : p’tite boutique des horreurs!
Les innocents enfermés : p’tite boutique des horreurs!
Pédophilie sur écolier : p’tite boutique des horreurs!
Ton enfant a été enlevé c’est la p’tite boutique des horreurs
La répression policière : p’tite boutique des horreurs!
Des fascistes au ministère : p’tite boutique des horreurs!
Pour bientôt la troisième guerre : p’tite boutique des horreurs!
Ta fille s’est tranchée les artères c’est la p’tite boutique des horreurs
Ma marque de fabrique, j’fais dans le gore, le dégueulasse
Le scandale et l’infamie, la pulsion humaine la plus basse
La plus lâche, la plus puante, la moins belle, la moins tendre
N’empêche que dans mes stocks mec, moi j’n’ai plus rien à vous vendre

Refrain (X2)


J'ai renié

J’ai renié mon passé, brûlé mes photos d’école
Déchiré mes photos de classe, oublié avec l’alcool
J’ai renié mes espoirs pour ne pas avoir à être déçu
J’ai renié les dieux, qui croire dans la sale course au profit?
J’ai renié mes amis depuis que j’ai fait le tri entre vrai, faux
Laisser les flingues et les treillis à leurs esprits de collabo
J’ai renié mon histoire, remodelé à ma façon
Et me suis inventé une vie avec bien trois quarts de fiction
J’ai renié mon sommeil pour des années d’insomnie
J’ai renié le mot soleil pour apprendre à survivre la nuit
J’ai renié le profit, claqué ma tune à peine gagné
Renié le prix du ticket et mes amendes RATP
J’ai renié tous mes boss, j’ai renié tous mes esclaves
J’ai renié toutes les patries, j’ai renié toutes les entraves
J’ai renié le mot fatalité comme on rejette une maladie
J’ai renié mon enfer pour un petit coin de paradis
J’ai renié mon pays pour une patrie sans frontière
J’ai même renié mon confort histoire de côtoyé la galère
J’ai renié mes efforts pour ne pas avoir à en rougir
J’ai renié mon salaire pour pouvoir jouer les martyrs
J’ai renié mes amis qui me l’avaient déjà rendu dix fois
J’ai renié onze cents fois tout l’amour que je portais pour toi
J’ai renié le mot espoir comme on blasphème contre un ennemi
J’ai même pioncé sur le trottoir car j’avais renié mon logis
J’ai vendu mes souvenirs, j’ai oublié de m’en rappeler
J’ai renié ma souffrance et mes névroses refoulées
Moi j’ai renié le temps qui passe et me fixe d’un air féroce
J’ai voulu renié ma place mais on m’y a remis à coups de crosses
J’ai renié mes rêves depuis un bail, pas de pays des merveilles
Renié le mur et le portail les nuits où j’avais pas sommeil
J’ai retourné ma veste cent fois, juste pour m’en acheté une neuve
J’ai renié ce que j’ai été et j’ai effacé les preuves
J’ai renié ce qu’on a vécu pour ne plus avoir envie de chialer
J’ai renié ce qui m’a déplu pour pouvoir t’idéaliser
J’ai renié le temps passé à une vitesse hallucinante
Entre Paris et ma province, j’ai oublié les dates marquantes
Et j’ai renié le calendrier, le mouvement de la Terre et son cycle
J’ai renié les lois votées dans les hautes sphères de l’hémicycle
J’ai renié ce que ma haine sème pour côtoyer les innocents
J’ai même renié ce système pour pouvoir rester hors du rang
J’ai renié mes liens de sang pour m’inventer une famille
J’ai renié mon côté gay car je préfère vraiment les filles
J’ai renié le fil et l’aiguille, j’ai gardé mes jeans troués
J’ai renié mon appartement, j’préférais celui d’à côté
Renié le droit de propriété pour avoir la conscience tranquille
Lorsque j’ai volé ta télé, ta chaîne hi-fi, ton mobile
J’ai renié le Coca-Cola depuis que j’ai découvert la bière
Troqué les films érotiques contre les cassettes de mon père

J’ai renié ce qui existe, j’ai renié tout ce que j’ai vu
J’ai renié ce qui persiste, j’ai renié ce que j’ai vécu
J’ai renié ce que j’ai lu, j’ai renié ce texte aussi
J’ai renié tellement de trucs, j’sais même plus ce que je fous ici

Tout ira bien

En un regard j’dévore la ville et ses entrailles
Je suis le dieu des tocards, je veille sur ma marmaille
Petite frappe notoire, padrés à la petite vie
Y’a pas d’patrons, pas d’stars chez mes brebis
Des gosses à toutes heures dehors sèment leur ange gardien
Il y a ceux qui prennent tout et ceux qui n’gardent rien
Moi j’regarde ça de loin, assis à un comptoir céleste
Ruminant dans mon coin, pourquoi j’ai eu les restes
Mais c’est pas un hasard, c’est moi qui ai tout raté
Comme ces gens qui ont de quoi survivre et qui se retrouve enfermés
Cellule capitonnée, porte lourde et barreaux
Des fois j’vois plus la différence entre victimes et bourreaux
Barbares et bâtards civilisés
6 milliards d’hommes embarqués, on n’va pas tous les excuser
Tellement j’en ai vu des murs et des guerres ouvertes
J’m’occupe pas de ces gens-là mais c’est le fléau d’votre planète
Y’a l’feu sur les frontières , y’a des enfants au front
Y’a des types dans l’fond du gouffre et c’est un affront
Je veille mais bon mon cheptel s’élargit
Est-ce que ça deviendrait une mode de gâcher sa vie

Refrain : En un regard j’dévore la ville et ses entrailles
Toutes les marques, les ratures, toutes les fissures, toutes les failles
Accroché au réverbère de la tombée de la nuit au matin
Sur les maudits, les ratés, je veille, tout ira bien (X2)

J’vois des filles sur l’trottoir au milieu des vautours
Des losers, des clochards, qui crèvent aux pieds des tours
Des alcooliques notoires, de la solitude autour
Et des chiens sous la pluie dans une ville sans contour
Chaque nuit a ses crimes, chaque nuit a ses secrets
Coups d’crayons sur l’papier, ombres obscures dans les allées
J’veille sur les évadés, tout l’monde doit tenter sa chance
J’veille sur les 100 pas dans la ville et sur les siècles d’errance
Longue liste d’attente, tu passes après les autres
Après les chiens superstars, les chimpanzés astronautes
Les rats multimillionnaires dealent dans leur monde
Négocient dans leur sphère quelques contrats immondes
Je n’vois rien j’tourne le dos à tout ça
J’retourne dans ma rue avec les camés, les sans-voix
Les sans-droits, les sans-lois, les rois et les reines de rien
A la sonnerie du réveil, au café noir du matin
Ça ira tant que ça tient, des fantômes sur le pavé
On en a déjà vu beaucoup, y’a plus de quoi être étonné
Mais les paumés seront sauvés, les sans-grades, les vauriens
Sur les maudits, les ratés, je veille, tout ira bien

Refrain (X2)


Les orphelins

Des orphelins dans la nuit avec des habits en lambeaux
De vieilles frusques qui s’étalent dans l’eau boueuse des caniveaux
Les enfants sales de minuit, visages déjà balafrés
Sur les trottoirs, sans-abris, devant les passants effrayés
Les orphelins ne font que survivre, traînent dans les ruelles obscures
Les yeux rougis par les drogues, substances naturelles ou plus dures
Les chiens des rues les adorent, s’endorment avec eux dans les gares
Partagent le règne de l’empire des détritus, des horreurs
Perdus au milieu des ordures, des bouteilles plein les poches
Mais y’a pas de parents pour les abreuver de reproches
On les retrouve dans la casse, voitures empaquetées, défoncées
Vie parallèle loin de la ville, de ses pervers, de ses dangers
La nuit sera leur odyssée, c’est le carnage assuré
Personne ne sera à la hauteur de toute leur violence assumée
Les mômes soulèvent la dalle, y’a des lumières dans le caniveau
Les enfants des labyrinthes revivent quand la ville est au repos

Refrain : Depuis que l’orphelinat à brûlé, une raïa de gosses en haillons
Brûlent les écoles, brûlent les prisons
Sur les trottoirs dégueulent la plus belle de la lie
Armée de culs de bouteilles, de gourdins en dents de scies (X2)

Comme des petites ombres sur la rail, la zone des enfants damnés
Murs d’usines, tas de ferrailles, capotes et seringues usagées
Jeunes héritiers de la nuit, pupille d’œil comme une lune pleine
Un peu blanche, un peu jaune, un peu noire, un peu vaine
Du sang qui boue dans les veines, de la boue sous les chaussures sales
Une couverture comme un linceul, le ciel noir évoque le mal
La lune aussi est de sortie, sort son pire des sourires sinistres
Ne gâche pas ton dernier soupir, la fin est proche, la fin est triste
Dans les gares, dans les ports, des sales gueules qui débarquent
Qui dégueulent sur la ville, bousillent tout et laissent leurs marques
Un casting pire qu’un cirque, nez rouge et dents acérées
Regards noirs, démarches sûres, sabres et couteaux aiguisés
Bas les masques au défilé, y’a trop longtemps qu’on se déguise
Le carnaval des agités prend de l’ampleur, assure son emprise
En périphérie de la ville ou dans les quartiers bourgeois
Les gosses de l’ombre, enragés, cassent les vitrines et brisent les lois
J’vois des silhouettes sur les toits, j’vois des signaux dans la nuit
Des ombres marchent sur mes pas, je me retourne et plus un bruit
Les radios ont cessées d’émettre, peu de temps après les télés
Et j’ai comme dans l’idée que ce soir les rues seront agitées

Refrain (X2)

Barres à mines, battes de base-ball, humeurs de gosses volubiles
C’est changeant, c’est lunatique, un coup c’est face, un coup c’est pile
On sait que jamais rien ne s’efface et le mors entre les dents
Un pied de biche dans la main, peuple en haillons il était temps
Sur les pavés millénaires, s’instaure le règne de la peur
Les orphelins aux pieds des hôtels sont venus brûler l’histoire
La cité ressemble à l’enfer, le diable est tout à son honneur
Accidents à tous les carrefours, prendre la fuite est illusoire
Haine aux lèvres, rage au ventre, les enfants renient les lois
Torches et cocktails Molotov, maintenant oublie tout ce que tu crois
Tire un trait sur ce que tu sais, tout ce que tu as te sera saisi
Alors brûle tout ce qui te retient, viens rejouer ta chance par ici
Dehors avec les orphelins, croire en tout, ne croire en rien
C’est sensiblement la même chose, on connaîtra tous la même fin
Les sales gosses ont ouverts la brèche, parés pour allumer la mèche
Maintenant toute la cité s’embrase, les mômes ont même brûlés la crèche

Refrain (X4)


Monologue de l'assassin

Au revoir oiseau noir, j’descends l’échelle de sécurité
Le sang sur ma veste ne se verra pas dans l’obscurité
J’laisse à la bleusaille le soin de recoller les morceaux
Cordon de sécurité, relevé d’empreintes, prises de photos
Pas cru que c’était aussi facile d’ôter une existence
Mais j’ai pris toute mes précautions et j’échapperais à la sentence
Un commissariat sous tension, gradés incompétents
De mon côté un travail d’orfèvre parce que je connais l’prix du sang
Laisse les explications, les justifications
Comme toujours ce n’était qu’histoire de vengeance de toute façon
Les flics torcheront l’affaire, rien qu’un cadavre vulgaire
Et aucun de leurs experts ne pourra lever le voile sur ce mystère
Alors j’suis serein, je pars, je sors de la ruelle
Laisse derrière moi une fin d’existence cruelle
C’est l’ironie du sort, t’as cru qu’tu pouvais m’avoir
Et maintenant dans quelques jours ta mère m’enverra ton faire-part
Un parcours bien réglé, t’as pas senti l’arrivée venir
J’ai pourtant du mal à penser que tu laisseras un grand souvenir
Pas de postérité, une effraction et tu t’écartes
L’empire que t’avais construit n’était en fait qu’un château d’cartes
Et si je n’suis qu’un criminel, tu n’es qu’un macchabée
Désolé pour ta mémoire mais je préfère être de mon côté
Je rentre dans un taxi, demain tu feras la première page
Puis ton nom s’effacera quand s’estomperont les commérages

What’s that trip? What’s that trip?
What’s that trip? What’s that trip?.........

Z.I.

Des Z.I décrépites, wagons de marchandises rouillés
Des arbres privés d’leurs feuilles et des maisons éventrées
Des régions délabrées, des ombres n’appartenant à personne
Et des hommes squattent une usine où plus jamais sirène ne sonne
Des parkings inoccupés, désolés, pavés d’feuilles mortes
Le vent glacial et la pluie, pluie battante qui nous escorte
Un grillage qui n’garde rien, rien qu’un jardin d’herbes immenses
Terrain de désolation au milieu de fric et démence
De grandes baraques décorées d’affiches de ventes immobilières
La décharge municipale, ici le bus pour les travailleurs
Là l’ancienne gare ferroviaire, poteaux électriques et compteurs
Des touffes d’herbes sur la rail, et la rouille se mêle au vert
Des semences de plastiques, de canettes, de poubelles
Marie-Jeanne des Ordures te demande, qui est la plus belle?
Des containers remplis de c’que l’homme crache alentour
Et au-dessus de ce lieu fermé vole une vague ronde de vautours

Refrain : A Paris, Marseille, Thionville, Bruxelles
Rien d’plus sinistre qu’une zone industrielle!
A Dunkerque, Ostende, Auxerre, Sarcelles
Rien d’plus sinistre qu’une zone industrielle!
A New-York, El Paso, Barcelone, Babel
Rien d’plus sinistre qu’une zone industrielle!
Cités dortoirs, nations poubelles
Rien d’plus sinistre qu’une zone industrielle!

Une cahute de fortune, quelques tonneaux enflammés
Des bouteilles éparpillées et des sacs poubelles étalés
Des matelas éventrés, noirs de saleté, de poussière
Et des couvertures empilées qui attendent patiemment l’hiver
C’est un camp sans volontaire, usine désaffectée
Des piafs ont fait leur nid dans du parpaing, venez, entrez
Un seau bien placé qui ramasse l’eau qui goutte
Et avec des canettes de bières quelques gosses qui jouent au foot
Derrière la gare, derrière la route, murs tagués, éclats d’verre
Galaxie d’clous rouillés, vitres brisées, barres de fer
Vieux moteurs à la morgue, carcasses de caisses cramées
Tandis qu’au loin d’immenses grues attaquent un nouveau chantier
J’décris ça, c’que j’ai vu lors de mes voyages sinistrose
En RER ou en bus, rejoindre la boite où j’bosse
Et avec le retour en plus, ça va mais à petite dose
Au milieu de ça le bus 106 s’apparente à un carrosse

Refrain

Rien d’plus sinistre, rien d’plus sinistre…
Rien d’plus sinistre, rien d’plus sinistre…



13h du matin

Refrain : J’ai encore oublié la messe, il est 13h du matin
J’ai la tête comme une bombe, Jésus Christ est en chien
Qui a bien pu m’faire ces traces de pas au plafond?
J’attendrais la semaine prochaine pour tenter la rédemption (X2)

J’suis sous la pluie, mes yeux me brûlent, des flammes s’échappent des immeubles
C’est moi ou bien la Terre tremble, sous mes pieds le sol se dérobe
Sur ma bouche j’ai son rouge à lèvres, les réverbères luisent dans les flaques
J’esquive les sex-shops et les strips, attrape une canette dans mon sac
Les affiches, au bonheur des stars, m’racontent la vie idéale
La came de mes contemporains et j’entends d’ici les scandales
On n’est pas encore au matin déjà la rue est agitée
J’ai la gerbe, la tête en vrac et le sol s’échappe sous mes pieds
Là j’n’ai aucune identité, anonyme, solitaire
Mon blase est déjà gravé sur une pierre tombale au cimetière
J’tape un numéro au hasard et tombe sur ma propre voix
J’crois qu’il existe 2 moi(s), chacun fait sa propre loi
Des punks imbibent leurs chiens d’alcool, un chinois s’immole par le feu
Sur les rives sauvages de la Seine on voit pousser des oiseaux bleus
Désir d’incendie dans les yeux, nympho pyromane dans les rues
La cité n’sera plus jamais sûr, protégez vos cœurs et vos culs
Sur le boulevard des mauvais coups tu traînes ta béquille sous la pluie
Entre les hommes d’affaires, les clochards, les filles classes et les premiers prix
Les chats sauvages sont en treillis, dans les tours de verres on jubile
Un milliardaire saoudien cède à prix coûtant quelques barils
Tandis que le syndicat du crime appelle à la grève générale
On colorie les uniformes de la police nationale
Plus personne n’renseigne Interpol, les télégrammes sont sur écoute
Le croque mort souille les pierres tombales, les sédentaires sont sur la route
Les 2 camps ne savent plus qui combattre, c’est la trêve dans les tranchées
3 hommes armés jusqu’aux dents distribuent des tracts pour la paix
Le clown est sorti de l’hôpital, un avion sur le Capitole
Tandis qu’on prévoit une pluie d’balles sur Gaza, Bagdad et Kaboul
Il paraît que c’est l’anticyclone ou bien le Grand Bal des Nantis
Qui s’y frotte, c’est la zone de Washington à Paris
C’est la crémaillère des pourris sous les drapeaux, le temps stoppé
Tous les symboles d’la république bananière étoilée
Et il paraît qu’ça va marcher, j’ai les 2 jambes engourdies
Un clebs qui pionce sous mes pieds, qu’a pas dû bien finir sa nuit
Qui viendra pour nous sauver, la planète est une poudrière
Vivement le Grand Tremblement de Terre, demande à la poussière!!!
Moi j’n’irais pas à la guerre, j’suis pas le soldat anonyme
Plutôt l’alcoolique inconnu et on jouit pas d’la même estime
Reposant sous l’arc de triomphe ou bien enterré sous les bières
Même si les coupables restent pourtant originaires de Bavière
Koenigsbier, Maître Kanter, vous m’avez tué!...
Koenigsbier, Maître Kanter, vous m’avez tué!...

Refrain (X4)

Boum boum

Regarde c’qu’on offre à nos frères j’vois peu d’choses positives
Ça déraille sévère et toujours pas de directives
On enterre les rêves beaucoup plus vite qu’on grandi
Quand j’étais gosse l’évolution se résumait pas à la technologie
Mais j’sais pas, je n’suis plus grand chose à vos affaires
Comme un p’tit môme introverti je me suffis dans mon univers
J’ai 25 années sévères passées dans les bas-fonds
Fils de la classe ouvrière, graine de révolution
De l’essence, un chiffon, toujours dans mon livre de recette
J’ai des violences policières imprimées dans un coin d’ma tête
Et toujours bien loin des hits mais en gardant la même verve
J’viens cracher ma bile, il n’y a bien qu’à cela qu’elle serve
Et chaque jour je le sais, chaque jour je le ressens
On ne meurt pas comme on né mais on vit comme on le sent
J’ai plus de 2000 ans d’révolte imprimé dans mon répertoire
… Boum boum sur le pouvoir!

Refrain : Bal perdu dans l’désert
Des coyotes la peau sur les os
N’en peuvent plus, veulent tous tout envoyer en l’air
Entretenir leur colère, se faire les crocs sur les fachos (X2)

Boum sur le pouvoir, demain quand y’aura plus d’rêves
Se sera d’la bave Molotov dans la commissure des lèvres
Putain de société d’esclaves et d’esclandres politiques
De crimes et de vieilles histoires en tous genres qui font la polémique
Normal qu’les gens aient envie d’tout kicker, tout niquer
Envie d’occuper le quai en faisant tourner les briquets
A coups d’briques sur les baraques d’en face, qu’est-ce qu’y’a?
Même les tableaux d’Basquiat prévoient pas un rouge aussi froid
Les couples de célébrités, tous ces trucs comme le JT
La télé réalité, j’ai rien à voir avec vous
C’est pas la vie qu’on mène pour la majeure partie d’entre nous
Et on viendra voler votre pain quand y’aura vraiment plus d’sous
Tu vois c’est pas qu’je crois en rien, j’crois plus tout court, c’est plus sain
C’est plus sûr, faut bien s’protéger quand on va droit dans le mur
Quand on va droit à la rue, no futur dans ces conditions
… Boum boum à la révolution!

Refrain (X2)

La furie naît des quartiers de France et ça fout l’feu dans les banlieues
La colère augmente d’un level, les sans-voix n’sont plus silencieux
Un homme révolté en vaut deux, expulse ta rage puisqu’il est l’heure
Jeune homme va arracher ton or sur les fausses dents des gouverneurs
Sortez les faux, les pavés vont voler sur le parvis de Notre-Dame
Les races de cailles sont venues reprendre la Commune de Paname
La cour des miracles pendra la justice et sa déraison
Les énarques qui ont détournés des millions sans faire un jour de prison
Et toutes les nuits seront les bonnes pour monter à la Bastille
Renverser toutes les barrières, le poing levé dans la bataille
J’n’ai rien que de la révolte imprimée sur mes pupilles
Ouvrez les portes au changement et bienvenu à la canaille
Pour les marmots, les clandos, les cloches, les poches, les gavroches
Nous on attend juste d’y aller, là c’est l’heure H qui s’rapproche
Et rien n’sera télévisé, non pas d’travelling, pas d’zoom
Juste le peuple, sa force, sa rage, sa colère et………

Refrain (X4)

Désertz

21 jours d’errance dans le désert et la démence
Mon corps se meut dans l’espace comme une espèce de dernière danse
J’ai poussé à bout mes croyances, j’aperçois le bout de la route
Et j’n’ai fait qu’errer sans fin dans les mirages et dans le doute
Il n’y aura pas de catharsis, ni à Smara ni en Harar
Où Arthur m’a vendu des armes hors d’usage sous un soleil noir
Les clefs n’étaient pas perdues, juste gardées jalousement
Dans une boutique au bas de la rue, et je l’sais maintenant
Maintenant que ma peau est tannée comme celle d’un rat du désert
Que les grosses motos grondent et qu’elles font trembler la terre
Que les journées s’allongent, s’éternisent, oublient la nuit
Que les collines dégoulinent comme les pendules de Dali

En partant j’m’étais saoulé méthodiquement sous les toits de Paris
Précis comme un dresseur de puces, à la Campus et au whisky
Traîné dans des bars interlopes, savouré des ambiances louches
Fini avec un goût de verre et un goût de sang dans la bouche
Il aurait fallu que j’me couche, bon dieu que j’ai la tête vide
Quand j’rentre en titubant et en écoutant du Lou Reed
Mais le diable est une femme prude, Paris s’ennuie, Paris s’endort
Car Paris s’attire des emmerdes dès qu’il dégueule un peu trop fort
Alors le bonisseur m’a dit : "encore une nuit, attends demain
Dans notre barnum y’a de la folie et de la fortune pour tes deux mains"
C’est ainsi que j’suis parti dans une carriole cahotante
Sur une rythmique chaotique, traçant des sentiers qui serpentent

Je suis éjecté d’une porte et j’atterris sur un quai
Une pendule dont je ne connais le nom me regarde et se tait
Et c’est encore une gare vide, là où vont et viennent les fantômes
Est-ce ici qu’un jour ou joua à faire jaillir les atomes?
Les spectres se multiplient mais rien que des visages vides
Je me sais au bout du rouleau, dans la vitre un regard livide
Me renvoie à ma fatigue, quand dans un éclat de lumière
Apparaît une gitane traînant des bottes pleines de terre
Une épaisse chevelure noire, ses cheveux n’en finissent plus
Comme la profondeur de ses yeux, noirs bien entendu
Des cageots entre les bras, là elle m’accorde un sourire
C’est la première fois depuis des jours que j’n’ai plus envie de mourir

Une vieille valse morbide voguait comme un vautour dans l’air
Flottait en apesanteur, virevoltait dans le vent du désert
Je n’suis toujours pas servi ou j’n’en ai pas eu assez
La rigidité des assis me pousse vers des zones de danger
Ainsi je poursuis ma route aux grès des pertes et des conquêtes
Les portes qu’on ouvre, les femmes qu’on quitte, l’inutilité des quêtes
Et les caprices du monde entier, ainsi naquit ma colère
Ces hommes en bleus ne sont pas touaregs et même au milieu du désert
L’étau de la sûreté se resserre, les sentiers sont tracés
Check-up, contrôle des frontières, fouilles au corps, pièces d’identités
Certains poursuivent leur chemin, d’autres poursuivent les méchants
Certains profitent de l’instant mais beaucoup courent après le temps

Maintenant la maison brûle, les fakirs dansent sur les braises
Les squelettes des poutres ondulent, même les fantômes se taisent
Il ne reste que des cendres, au loin le soleil rougeoie
Sur un décor noir de suie, les arbres, les pylônes et moi
Ne me demande pas pourquoi j’ai fui quand la colline s’est embrasée
Et j’entends encore les cris des gens que j’ai dû abandonner
Sous le soleil il paraît que l’été incendie les moissons
Je n’reviendrais plus jamais, c’est moi qui ai brûlé la maison
Avec l’aide des cracheurs de feu, Béhémot au bout de la laisse
Au cours d’un rêve fiévreux, perdu entre sueurs et stress
Et l’artiste pyromane s’est pris pour Néron à Rome
Là il rêve de Reichstag et de zeppelins gonflés à l’hydrogène

Les routes se mélangent à l’arrière, à moitié mort sur les sièges
Quand tu mates les étoiles et te demande où est-ce qu’on t’emmène
Réverbères, ciel et tours, à la nausée pendant des heures
Mais jusqu’où sommes-nous censés dériver comme ça encore
Je vois celle qui m’a sauvé les yeux fixés sur l’horizon
Moi, étalé sur la banquette, entre désespoir et passion
Perdu au milieu de nulle part, comment faire un choix ici
Quand on a perdu ses repères et ses certitudes aussi
Les sorcières de Salem sont pendues aux réverbères
Sur les aires d’autoroutes pour dissuader les rêveurs
Alors on court vers ailleurs, là où les clochards ont le sourire
Chercher la maison en carton de l’homme qui vit sous l’arroseur

Le brave, vénérable et révéré videur des lieux
M’administre un dernier coup pensant qu’après ça j’irais mieux
L’amour m’a laissé ici, mon séjour touche à sa fin
De cohérent, de logique, de réel, il n’y a plus rien
Toutes les villes sont éphémères, les terrains-vagues et les bayous
Éclairés par la girafe avec le phare autour du cou
J’n’ai plus nulle part où aller, p’t’être serait-il bon rentrer chez moi
Retrouver l’horreur du travail et les rigueurs de la loi
J’ai vu une autoroute perdue sur le rebord d’un square de junkies
On a voulu me montrer le chemin, j’ai pas marcher sur celui-ci
Moi aussi après le bourgogne j’suis passé à plus corsé
Là il est temps que j’rentre à Paris, j’crois bien que j’en ai eu assez  



The Time is Stretching