Des Z.I décrépites, wagons de
marchandises rouillés
Des arbres privés d’leurs feuilles
et des maisons éventrées
Des régions délabrées, des ombres
n’appartenant à personne
Et des hommes squattent une usine où
plus jamais sirène ne sonne
Des parkings inoccupés, désolés,
pavés d’feuilles mortes
Le vent glacial et la pluie, pluie
battante qui nous escorte
Un grillage qui n’garde rien, rien
qu’un jardin d’herbes immenses
Terrain de désolation au milieu de
fric et démence
De grandes baraques décorées
d’affiches de ventes immobilières
La décharge municipale, ici le bus
pour les travailleurs
Là l’ancienne gare ferroviaire,
poteaux électriques et compteurs
Des touffes d’herbes sur la rail, et
la rouille se mêle au vert
Des semences de plastiques, de
canettes, de poubelles
Marie-Jeanne des Ordures te demande,
qui est la plus belle?
Des containers remplis de c’que
l’homme crache alentour
Et au-dessus de ce lieu fermé vole une
vague ronde de vautours
Refrain : A Paris, Marseille,
Thionville, Bruxelles
Rien d’plus sinistre qu’une zone
industrielle!
A Dunkerque, Ostende, Auxerre,
Sarcelles
Rien d’plus sinistre qu’une zone
industrielle!
A New-York, El Paso,
Barcelone, Babel
Rien d’plus sinistre qu’une zone
industrielle!
Cités dortoirs, nations poubelles
Rien d’plus sinistre qu’une zone
industrielle!
Une cahute de fortune, quelques
tonneaux enflammés
Des bouteilles éparpillées et des
sacs poubelles étalés
Des matelas éventrés, noirs de
saleté, de poussière
Et des couvertures empilées qui
attendent patiemment l’hiver
C’est un camp sans volontaire, usine
désaffectée
Des piafs ont fait leur nid dans du
parpaing, venez, entrez
Un seau bien placé qui ramasse l’eau
qui goutte
Et avec des canettes de bières
quelques gosses qui jouent au foot
Derrière la gare, derrière la route,
murs tagués, éclats d’verre
Galaxie d’clous rouillés, vitres
brisées, barres de fer
Vieux moteurs à la morgue, carcasses
de caisses cramées
Tandis qu’au loin d’immenses grues
attaquent un nouveau chantier
J’décris ça, c’que j’ai vu lors
de mes voyages sinistrose
En RER ou en bus, rejoindre la boite où
j’bosse
Et avec le retour en plus, ça va mais
à petite dose
Au milieu de ça le bus 106 s’apparente
à un carrosse
Refrain
Rien d’plus sinistre, rien d’plus
sinistre…
Rien d’plus sinistre, rien d’plus
sinistre…