Nellio :
Le son claque, matraque tes tympans, la
force de frappe est sans égale
Le rap crade des rats d’égouts
débarque, crache son souffle, touche où ça fait mal
Sans égard pour tes règles, tes
rengaines et tes petites leçons
Les esprits libres esquivent les pièges
et tracent leurs routes à leur façon
Et ceux qui savent reconnaîtront la
marque de fabrique
De la recette miracle qui déjoue
toujours les pronostics
Loin des MCs qui chialent, font la
manche aux portes des grosses prods
Le Hip Hop sort des recoins sombres
pour cramer toutes leurs modes
Dans les souterrains hostiles les
anonymes préparent leurs plans d’attaques
Le vent de la révolte se lève, tes
radios sont mises à sac
Tes buildings vacillent, prennent des
airs de Tour de Pise
Tandis que la panique fait trembler
toutes les marionnettes du showbiz
La rage est dans nos crachats, les
postillons tapissent les vieux pop killers
Et les barbares viennent remettre les
pendules à l’heure
La chute de tes ventes, ta faillite,
c’est pas notre problème
On n’est jamais aussi bien servi que
par soi-même
Manu :
A l'heure de l'âge d'or des adorateurs
du dollar
Va leur dire que ce qu'on pratique dans
nos égouts est un art
Va leur faire comprendre qu'on n’en
calcule pas la valeur
En ventes, passages radiophoniques ou
écoutes sur Deezer
Dis-leur qu'on n’exécute pas les
ordres du marionnettiste
Que c'est pas depuis que Skyrock passe
du rap que le Hip Hop existe
On a soulevé la trappe, mixé les
éléments
Loin des rappeurs zélés et des
imposteurs du mouvement
Joe Pepsy :
Passe le sample en boucle, je suis
amnésique
Car le seul truc où on est encore
libre, c’est notre musique
Sans compromis, comme promis, le cro-mi
je l’éclate
Mon CD faut pas que tu l’achètes
mais que tu le pirates
Rien à foutre des petits rats qui
courent après la carotte
Je fais du peura contre un repas, je me
sers d’un contrat quand je me torche
Quand je sors mon ceau-mor de ma
grotte, c’est pour mes potes et pour que ça saigne
Je fais du son loin des cartels du
disque et de la Sacem
Ceux qui veulent faire de la musique un
business sont dans l’utopie
Ils peuvent se l’enfoncer profond
leur loi Hadopi
Reste planqué dans ton bureau à te
branler sur tes disques d’or
On ne veut pas de commercial mais du
hardcore
Ils déversent une poubelle dans ton
salon, du M.Pokora
Ils ont enterrés plus de merde que la
Camorra
Normal, ils veulent nous détruire donc
on anticipe
Et petit à petit, les MCs s’émancipent
Manu :
On se doit de se battre pour ceux qui
tombent, pas oublier les premières heures
Les premières mesures qu'on a gratté
avec les tripes, avec le cœur
Dans nos secteurs, pour info, j'ai pas
oublié d'où je venais
Mais c'est d'un coin tellement glauque
que j'ai jamais voulu y retourner
Ici on s'est fait tout seul, ou
presque, à quelques-uns
Triturant les samples et les rimes
jusqu'à tomber au petit matin
De la musique de morts de faim qui
n’intéresse pas les labels
Et c'est mieux parce que nous on
travaille pas, on fout le bordel!
De l'expression direct, aucun dogme,
aucun diktat
Aucun formatage pour radios, aucune
avance, aucun D.A.
C'est juste le simple béaba du "Do
It Yourself"
Pas de boss, surtout pas de comptes à
rendre et pas de petits chefs
On avance dans la marge, marche à
notre allure
Mord la ligne, le mors aux dents,
jusqu'à la dernière mesure
On sait qu'ils n'ont jamais fait de
cadeaux aux "jeunes à problèmes"
L'émancipation des MCs sera l’œuvre
des MCs eux-mêmes!