jeudi 15 décembre 2016

Rōnin

Rōnin, le sourire devant le ravin, revenu
de mille combats perdus, rejeté sur le sentier des exclus
sept fois tombé, huit fois relevé
perdu sur la terre des clans et des communautés
seul, chien sans collier, galeux
malade de refuser de choisir un camp dans ce monde belliqueux
anti-tout, seul sur ce chemin boueux, bosselé
fils de villageois, samouraï sans passé
paria, sans patrie, sans terre, sans travail
allongé à contempler la lune pendant la bataille
sans le sou sillonnant les rues, suintant le saké
s'attardant le soir dans le quartier des prostitués
objet du déshonneur, zonard errant le pays
en proie à mille rancœurs face à ce peuple soumis
un clochard sale s'endormant sous les étoiles
une grossière masse affalée sur la voie royale


Rōnin, un parasite, un proscrit,
Un perdant, poissard, une ombre dans la nuit
Rōnin, exclu, banni, excommunié
Un bâtard, hors de la meute, hors communauté
… Libre sur la voix de la sagesse
… Traqué comme un chien sans laisse
Un zonard en loques, dégoulinant de pluie
Un bras d'honneur à l'empereur et à la patrie


Le soleil est une blague sur ces terres désolées
tout ça n'est qu'une façade, un décor en papier mâché
ces collines dessinées au-delà de vos tristes villages
où vous ne vous risquerez jamais à passer une nuit sauvage
le veilleur, le shérif, l'autorité suprême
suivent la piste du rōnin mais celui-ci les sème
sans la liberté, tous ne sont que des figurants
la mascarade de masse a durée assez longtemps
ici nous sommes seuls, autour c'est la guerre
et nos ex-frères d’errances se font recruter comme mercenaires
plus rien n'a de sens, si ce n'est l’appât du gain
courir après la chimère de la reconnaissance et du butin
le but suprême dans cette putain de société
les ex-entités libres ont été désintégrées
tu les reconnaîtras, demain, cravatées dans un bureau
tandis que sur un banc dans le parc, tu nourriras les oiseaux


Rōnin, un parasite, un proscrit,
Un perdant, poissard, une ombre dans la nuit
Rōnin, exclu, banni, excommunié
Un bâtard, hors de la meute, hors communauté
… Libre sur la voix de la sagesse
… Traqué comme un chien sans laisse
Un zonard en loques, dégoulinant de pluie
Un bras d'honneur à l'empereur et à la patrie


Rōnin, samouraï-poète au stylo dans le saya
ni logo, ni blason sur le tsuba
sans école, sa voie, celle qu'il s'est tracé
si serpentante soit-elle, est celle de sa liberté
le prix à payer à refuser de servir
un maître, un seigneur, c'est qu'il faut s’auto-suffire
et risquer de crever la dalle comme un chien sans collier
traînant sa gueule en bavant dans une ville assiégée
la rue est pleine de dangers imminents
flics en patrouilles, gangs, milices, membres de clans
ici se cristallise toutes les haines et les clichés
à travers les ages, on en veut toujours aux esclaves libérés
qui ont fait un pas de côté sous l'étendard
certains les appelleront toujours traîtres ou fuyards
dans le brouillard, la bête noire des gens biens
un samouraï sans maître, un rōnin


Rōnin, un parasite, un proscrit,
Un perdant, poissard, une ombre dans la nuit
Rōnin, exclu, banni, excommunié
Un bâtard, hors de la meute, hors communauté
… Libre sur la voix de la sagesse
… Traqué comme un chien sans laisse
Un zonard en loques, dégoulinant de pluie
Un bras d'honneur à l'empereur et à la patrie

The Time is Stretching